
Le célèbre studio d’animation japonais Studio Ghibli, connu pour des films iconiques comme Spirited Away et Mon Voisin Totoro, ainsi que d’autres éditeurs japonais, ont adressé une lettre officielle à OpenAI pour demander que ses modèles d’intelligence artificielle cessent d’utiliser leurs œuvres protégées par le droit d’auteur pour l’entraînement sans autorisation.
Contexte: L’essor de l’IA générative
Avec le lancement du générateur d’images natif de ChatGPT en mars 2025, les utilisateurs ont rapidement adopté la tendance de créer des réinterprétations de selfies ou de photos d’animaux domestiques dans le style unique des films de Studio Ghibli. Même Sam Altman, PDG d’OpenAI, a modifié sa photo de profil sur X pour une version inspirée du style Ghibli. Aujourd’hui, avec la diffusion de l’application Sora et du générateur vidéo, la préoccupation des éditeurs japonais s’accroît.
Problème légal: L’utilisation des contenus protégés
La Content Overseas Distribution Association (CODA) du Japon a déclaré que l’usage de contenus protégés pour entraîner des modèles d’IA sans autorisation constitue une violation du droit d’auteur selon la législation japonaise. Contrairement à d’autres juridictions, le système japonais exige généralement une permission préalable pour l’utilisation des œuvres protégées et ne permet pas de se défendre simplement en rejetant après coup l’utilisation.
Exemples récents et implications
OpenAI a choisi d’agir sans autorisation préalable, ce qui a facilité la création de photos et vidéos représentant des personnages protégés ou des célébrités décédées. Des plaintes ont déjà été déposées par des institutions telles que Nintendo ou la succession de Martin Luther King, montrant que ce problème dépasse le cadre japonais et touche la législation internationale. Les juges américains disposent de peu de précédents, puisque le droit d’auteur aux États-Unis n’a pas été actualisé depuis 1976, bien qu’un jugement récent ait statué qu’Anthropic n’avait pas violé la loi en utilisant des livres protégés pour entraîner son IA.
Point de vue des créateurs: La réaction de Miyazaki
Hayao Miyazaki, figure centrale de Studio Ghibli, n’a pas commenté directement la prolifération des interprétations générées par l’IA. Cependant, en 2016, lorsqu’il a été confronté à des animations 3D générées par IA, il avait exprimé son dégoût et déclaré que ces créations constituaient un affront à la vie elle-même.
Conséquences possibles: L’issue juridique
OpenAI peut choisir de coopérer avec la demande de CODA ou non. En cas de refus, les parties lésées pourraient engager des poursuites judiciaires. La situation demeure complexe, notamment au Japon, où la reproduction d’œuvres protégées durant l’apprentissage machine peut être considérée comme une violation directe du droit d’auteur. Ce débat illustre le conflit croissant entre innovation technologique et protection des droits intellectuels.
Enjeux pour l’industrie de l’IA
Cette affaire soulève des questions majeures sur l’éthique et la légalité de l’apprentissage automatique utilisant des contenus créatifs existants. Les studios et éditeurs craignent que la reproduction non autorisée de leurs styles et leurs personnages entament la valeur originale de leurs créations et compromette le modèle économique traditionnel. L’équilibre entre innovation et respect des droits d’auteur devient donc un enjeu stratégique pour les acteurs du secteur.
Conclusion: Vers une régulation nécessaire
L’appel de Studio Ghibli et des éditeurs japonais à OpenAI met en lumière le besoin urgent d’un cadre légal adapté aux technologies d’IA générative. La question de l’autorisation préalable, de la reproduction et de la propriété intellectuelle est désormais centrale. Les décisions prises dans ce contexte auront des implications globales pour la protection des œuvres créatives face à l’intelligence artificielle.
